Édition du lundi 12 avril 2010
Xynthia: le conseil général de Charente-Maritime renonce à la hausse de la fiscalité après «avoir reçu l'aide de l'Etat» et avoir différé des investissements
Le président du conseil général de Charente-Maritime, Dominique Bussereau (secrétaire d'Etat aux Transports), a renoncé samedi à la hausse exceptionnelle de la fiscalité départementale de 6% pour faire face au 27 millions d'euros de dommages de la tempête Xynthia. Une mesure qu'il avait proposée la semaine dernière. Alors qu'il devait faire voter cette augmentation exceptionnelle la semaine prochaine, il a expliqué au "Figaro" «avoir reçu l'aide de l'Etat et s'appuyer sur un redéploiement des dépenses.»
«L'état nous a entendu et nous a apporté un remboursement anticipé de TVA de 3,4 millions d'euros sur lesquels nous ne comptions pas. Par ailleurs, nous avons regardé dans nos politiques
Par exemple il y a des travaux qu'on avait programmés et qu'on ne fera pas cette année», a-t-il annoncé à France-Info. «Avec les zones noires, il y a un climat très anxiogène, l'impôt pourrait avoir un caractère anxiogène supplémentaire», a noté Dominique Bussereau pour qui il faut «mettre de l'humain dans tout ça».
Prenant le contre-pied du préfet, qui affirmait samedi que les «zones noires présentant un danger de mort avéré» après Xynthia n'étaient «pas négociables», le président du conseil général s'est dit ouvert à «des modifications». «Je souhaite que le dialogue s'ouvre entre le préfet et les habitants», a-t-il affirmé sans citer où, en Charente-Maritime, pourraient avoir lieu ces «modifications». «Il y a des zones oranges, (qui nécessitent une «expertise complémentaire pour être classées éventuellement en zones noires destructibles», NDLR) où la situation n'est pas figée. Certaines maisons ont peut-être été mises rapidement dans telles ou telles zones», a assuré Dominique Bussereau. Pour lui, son rôle va être celui d' «un facilitateur». «Je ne suis pas en charge du dossier au sein du gouvernement mais je pense qu'il y a de-ci de-là des aménagements de bon sens que je ferai connaître au chef de l'Etat».
Les discussions sur les «zones noires» s'annoncent difficiles. Jean-François Faget, maire de Charron, en Charente-Maritime, a indiqué sur RTL quil ne signera pas l'ensemble des arrêtés interdisant l'accès à «150 ou 180» maisons de la localité promises à la démolition. «Je suis en désobéissance». «Comment voulez-vous que je signe un arrêté, et que j'aille le porter dans une maison où les gens sont là parce qu'il n'y a pas eu un centimètre d'eau, ou éventuellement, il y en a eu cinq et c'est parti au bout d'une heure. C'est absolument incohérent», a-t-il dénoncé. «Ces critères, je sais qu'ils sont négociables, puisqu'on constate dans les autres communes que des zones qui avaient été pressenties pour être noires ne le sont plus», a-t-il souligné.
La contestation gagne aussi les habitants de Vendée et de Charente-Maritime. Des manifestations ont eu lieu, comme à Fouras. Certains sinistrés envisagent des plaintes contre l'Etat. Un habitant de l'Aiguillon-sur-mer a déposé plainte samedi, non contre l'Etat mais contre la municipalité de sa commune pour «mise en danger des habitants et des habitations» lors de la tempête. «Je pense à tous ceux qui ne sont plus là. Si on avait anticipé, il n'y aurait pas eu tous ces malheurs. On ne peut pas dire que ça n'arrive qu'aux autres», a confié James Gaillard, dont la maison ne figure par une «zone noire».
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